Sur la 20

La route me dépasse,
les champs,
les forêts
les pertes de vues
perles de vie.

Sur la 20.
L’auto roule
son autoroute 
mange les miles
à grands coups d’ordinaire
dans tous les sens.
 
 
 
Roule petite roule,
rares sont les radars,
si tu restes à 110
ça fait l’compte.
 
 
Les ombres falsifiées par un soleil blagueur
la radio Can, son accent
les signaux, 
les panneaux,
orignaux.
 
 
La route me dépasse.
Bientôt le tunnel Lafontaine
Vyviann n’aime pas 
quand on passe sous le fleuve
elle en fait tout un roman,
et j’adore !
 
 
On aperçoit Montréal au loin,
les mots dans le rétro
cette lumière dans l’dos
on file vers une nouvelle nuit.
 
 
L’amour est sourcier
l’amour a de quoi
l’amour par millier
l’amour en tous cas
l’amour c’est rayer
la mort de ton calendrier.
 
 

L’île d’elle

 

Tout est prêt, les gens sont attablés,
soupent se régalent,
les bougies se dressent.

En un simple courant d’airs chantés
Caroline fait son entrée,
parle de l’Isle,
des coudriers,
du fleuve.
 
 
C’est passionnant comme elle chante,
cet ultime cri d’aimer,
c’est très présent 
guitare voix.
Le public est passionné
de culture, de Chanson
qui vient là les fins de semaines.
 
 
Et notre tour arrive,
elle nous aime, pour de vrai, elle invite,
ça oui,
elle nous présente sacrément bien La Marsouine. 
Nos voix sur le bois des murs,
les cordes les percussions
chœur d’acoustique,
Vyviann,
on est là.
 
 
 
Chers amis on va vous donner
vous offrir de qui nous sommes
de quel cœur on se chauffe
juste entre nous, comme devant 10000,
les yeux dans les yeux
c’est encore mieux.
D’autant que je suis malade,
la gorge en feu,
les oreilles cassées bouchées,
mais tout donner reste le plus excitant.
 
 
La chanson n’a pas de corps,
je chante ce que je suis,
Vyviann parle et invente le tempo
le rythme du concert,
elle sait y faire.
Son charme, 
sa louve en elle se love
et ne lâche pas, elle croque 
elle entre dans chaque démesure,
féline, 
elle se dresse, me défend
quand je raille les cordes à vif
dans la poussière d’un refrain de pierre.
Quelle belle artiste 
et on s’amuse de la souffrance
passagère,
on invente d’autres jeux sans clés,
au sol, 
on laisse tomber l’orgueil chevaleresque,
on y est presque,
on vous touche du bonheur,
on vous frôle, vous enrôle,
vous cambre l’espoir à foison
la saison des bruits, des pas à pas
des échappées
laisse la place au printemps
et la nuit nous donnera raison.
 
 
Perdre la voix, c’est toucher 
c’est sentir l’or d’ailleurs
un minerai, la pépite
le souffle qui s’y lance.
  
Un cadeau d’accepter ce qui est.
J’entre pour la nuit
dans les bras de Vyviann 
comme on entre dans l’eau
de nos prières.
 
 
 

Dans ses bras

La première nuit
c’est toujours délicat
Jetlag oblige,
et là l’angine,
cette sensation lasse
qui me désespère
dès le petit dej,
pas d’bol,
plus de voix plus d’air
pluie de larmes en arrière gorge
je n’en crois pas mes yeux.
Et pourtant il faut y aller,
Nicole nous prête son char,
elle est mère veilleuse,
toujours à nous soulager,
nous aider…

5 heures de route avant d’ arriver.
 
 
 
Premier concert demain.
L’ Isle aux Coudres
« Hôtel du Capitaine »
Caroline nous attend.
 
 
En fait, en nous faufilant
« à la parisienne » on la double 
juste avant d’embarquer sur le traversier !
Morts de rire, de fatigue aussi.
 
 
Mais quel plaisir, revenir là,
faire face aux forces du vent
qui déchire la lumière entre ciel et fleuve
en cette fin de jour.
 
 
Tous à table, on jase
on se souvient.
 
 
Ma gorge en feu
le froid dans le dos
je capitule, 
j’accepte les pilules.
Vyviann me berce d’allusions
la solution sans illusions
direction la piaule
le cœur en taule…
Forçat forcé si je veux chanter demain,
Dormir dans ses draps.
 

S’envoler

 
Après quelques concerts en région parisienne,
l’aéroport d’abord
papiers, pas sport, pas rire,
puis sans mots sandwichs sans problèmes
le vol, la clim,
un sublime film,
la douane, le bus, sa clim…
 
 
Enfin, Montréal, 
station Berry… 
l’angine !
 
 
Une façon comme une autre d’atterrir,
qui n’empêchera pas la belle humeur
les retrouvailles, 
les rires accentués,
l’odeur des ruelles vertes.
 
 
 
Et The super souper dans la cour
préparé par Nicole,
Pascal au BBC
au vin,
au vent, au chaud, 30 ° 
l’humidité frappante,
lumière éclatante
entre les arbres, rayonnante.
 
 
Boire, dire, écouter, rire encore,
saoulés d’étoiles…
 
Dé-valiser,
déplier
Se doucher, se coucher…
S’envoler, dormir !
 

Mon frère Denis

 
Ah Bernard Pivot, on l’aime
on l’aime notre bon bonhomme !
Mon cher Denis,
jeune canaille,
et quand il nous parle de vieillir…
​ « Vieillir c’est chiant ! »

On adore.
alors tu vois
grâce à toi Denis,
ça m’a fait réfléchir un peu
beaucoup
pas seulement,
ça m’a laissé un temps d’écriture,
en joue contre joute,​
ainsi:

Vieillir
c’est commencer à veiller
prendre du recul,
en perdre aussi
​parfois​
car il s’éloigne un peu, le cul !
Quoi queue…
Et puis, veiller 
ce n’est pas être à l’arrêt, 
c’est s’en aller sur la pointe des pieds
tout en douceur, 
quitter la compè​t’
l’idée de tout faire
tout réussir
pour enfin
regarder l’Autre
dans l’allure des autres
et s’apercevoir qu’on a le temps.
En fait, 
c’est un beau ralenti
dans lequel il fait bon respirer.
Vieillir​,​
regarder les choses en farce,
et en beauté
​passer le relais.
C’est prendre le temps de remercier