Babylone café

Québec le 17 novembre 2012

Allez je vais le dire haut et fort,

on vous aime
on adore venir vers vous
on est prêts à tout pour arriver
et aujourd’hui
en route pour Québec ville,
Le BaBylone.
Yes, ça déboule ça déconne,
on roule sous un ciel de menaces,
pour certains, dégueulasse,
nous on adore le perpétuel de ces mouvements.
On trace
on se livre des secrets.

Vyviann me parle de ses premiers concerts,
de Gainsbourg,
ses amours perdues…

Elle me touche de si près,
me frôle de ses mots,
sa voix qui ruisselle un fado,
j’aurais aimé enfant
jouer dans sa cour,
Vyviann …
On arrive et des amis,
des fans,
sont déjà là,
Christophe derrière sa caméra,
venu de Rivière du Loup,
Manon, Albert et les autres ,
amis Suisses compris.
Ahhh,
le lieu est tellement chaleureux,
on est HEUREUX.
Ce sera un soir d’improvisations,
de ces dons impensés,
quand les voix se lâchent la main,
comme deux avions s’amusent
en un ciel ami.
Le public très excité qui chante au moindre cygne,
on est gâtés, vous,
vous
nous
gâteau !
Merci à Martin
âme de passage,
sauveur de sons,
magicien, j’ose,
et vous
parce que sans vous et bien …

Sans vous

16 novembre 2012, Sainte Geneviève

On ne met pas trop longtemps pour arriver,
c’est dans l’ouest de Montréal
en bout de l’île,
face à l’autre si petite,
l’île Bizard.
L’île aux dollars …
Et non,
nous ne chanterons pas
« L’île d’en face » !
Un chouette panneau indique le concert,
bel accueil ma foi.
Les musiciens nous rejoignent,
on installe un climat,
on met les voiles,
la salle est vraiment belle,
Pauline Julien
peut rayonner de son nuage bleu,
col fleur de Lys,
on respire le meilleur.
Steve, l’accordéoniste est là lui aussi,
ça swingue la compagnie,
le public vole en éclats,
les morceaux sans chaînes
libèrent notre engagement premier.
Bien des amis sont là,
venus juste après leur journée
folle pour certains, de folie pour d’autres.
Fidèles fidèles,
comment leur dire notre respect
notre amour fort,
ce concert est d’instances
intense,
pur.
Si on nous parle souvent de galères,
de cette société déçue,
l’oeil bitumineux
l’impuissance éclectique
ces dirigeants aux sables incultes,
les mafieux messieurs,
ce vide qui les anime,
les sarko-traflicants
d’un courant qui provoque
les abandons,
Vyviann et moi,
ok on est d’accord
pour lâcher tout c’qu’on peut,
maître du feu ce soir,
cette scène là, on vous la doit.
Ahhhh votre force,
on a tant rit ensemble ce soir,
brisé l’écorce,
chanté ensemble ce soir,
misé ensemble l’espoir.
L’Humanité
c’est beau comme un dimanche
Vous nous aidez à tenir,
retenir
nos colères,
nos projections,
le film,
toutes ces embarcations
vers le malheur Kéops des portes rouillées.
Vous nous aidez à poursuivre
à écrire le rêve humain
à dire le simple du désir
la main
la voix
le mouvement libre
la satisfaction
l’éloge le déluge
l’âge d’un chant d’impermanence.
Quand on dit
« Sans vous on s’ennuie »
entendez la nuit,
l’après concert,
l’impoussière des verres,
le rouge en instance,
la scène qui se vide
se moire d’entre fils,
l’errance de ce souffle d’argile,
le tout le rien dire,
le silence des fleurs offertes,
la closerie impossible.
Oui, sans vous
c’est rentrer nulle part
c’est dormir sans sommeil,
plus de coeur,
à part,
l’art par terre,
plus de veines,
plus d’peau,
échappées les phrases,
les yeux des mots dans l’eau,
le poing des suspensions
qui ruisselle, sale seul.
La fièvre,
le sang
le mauvais sens,
perdue la notion.
Sans vous,
pas question,
plus d’interrogations
d’intentions
sensations,
sans vous qui nous offrez tellement,
présents
face à face
ouverts.
Alors on monte dans la voiture,
on rentre à la maison
mal aux lèvres d’illusions,
l’autre bord,
dark side,
on rejouera demain aussi beau qu’aujourd’hui
pour vous.

Ton Québec et Montréal

Le 15 novembre 2012
Il y a ce genre de cadeau que l’on n’imagine pas,
une ville entière.
Et quand on y est,
on se fait des amis pour la terre entière.
Y’a pas photo,
enfin si
il va y en avoir,
juste je veux dire,
entre nous c’est d’accord
on aime vivre ce tempo space
et ce quartier « Petite Patrie »
qui chamade le coeur de Montréal.
On y est bien, on y respire le meilleur.
On entrouvre les stores,
on voit de suite les rayons jaunes
les branches nues, les écureuils
la palissade fond de jardin
les maisons d’en face inoubliables
aux escaliers extérieurs.
On va se reposer quelques jours,
écrire, raturer, faire du linge,
appeler nos amis,
ensemble voir une expo basse ville,
Isa B une sculpteure de matière
un travail magnifique inspiré des bidonvilles.
Elle est là, au milieu de la galerie
assise face à l’homme
qui boit un verre de vin,
discute à voix douce, timide apparemment,
et nous tournons tout autour
pour voir son travail,
c’est drôle comme image là.
Ah si j’étais riche lalalalalala !
On quitte pour aller dans le vieux Montréal,
le vieux port, le coin touristo …
Mais pas que…
Rentrer tard.
Demain et l’après encore sortir
profiter de Nicole,
quand elle peut,
débordée,
aussi se faire des petits plats,
cependant que son compagnon Pascal
travaille son film dans la salle de montage au-dessus.
Traverser la ville sous l’ennui des pluies passantes,
y trouver bonheur.
Quartier Outremont pas loin du resto « La joie »
où nous dînerons avec Bori,
cet artiste libre et heureux,
comme nous, indépendant …
à la note près !
On se projette,
comme des pros, on jette
l’inutile des discours pour une autre histoire possible,
pour cible,
nos chants d’amour et son talent rassembleur,
cet homme est généreux total,
on se quitte comme on s’inquiète,
mais c’est juste pour rire des mots
que j’écris cela.
En vérité on se laisse confiants,
conscients de ce qu’il ne faut rien lâcher de la culture
au regard pur.
Un soir en rentrant sous la nuit
on passe devant un jardin,
des poissons en bocal
aquarium d’hiver à découvert.
Merci les gars, on se pose,
on en profite
c’est certainement ce que vous souhaitez,
bande de généreux !
Merci.
Vous dire, ici y a pas de barrières devant les maisons,
on a confiance les uns les autres et donc
chacun partage à sa manière sa créativité,
c’est touchant vraiment touchant.
Notre voisin lui à Petite Patrie,
il fait pousser des tomates, là,
juste au bord du trottoir !
Les ruelles aussi,
entre les rues,
elles sont le derrière des maisons,
là peu de bruits, peu de monde,
un autre monde.
Vyviann adore regarder les détails,
le dos des choses,
prend mille et mille photos,
on marche beaucoup,
le froid serein pour seul ami
qui chante quand il souffle et s’affale.
Plus peur du noir.
Une fois rentrés,
passé le quartier des affaires,
les vents engouffrés entre les blocs,
une fois laissé sur la gauche
le quartier chinois, puis l’X,
les taxis sur St Laurent,
les allures déambulées,
bien à l’ombre nocturne rentrés,
on se mate quelques films.
Nicole travaille pour les productions
« Vidéo femmes » j’en ai déjà parlé,
aussi on a accès à de très bons thèmes,
un régal documenté, sociologique !
les infos, les escroqueries bitumineuses …
Bon, pas tarder,
demain on joue à Ste Geneviève en face de l’île Bizard
avec les amis musiciens,
on est comme on sème.

Chaque victoire…

 On the road again, le 11 novembre 2012

Pour rentrer sur Montréal ce sera simple
et rapide.
Pas les yeux mais bouches fermées,
Vyviann à s’éveiller toute en douceur,
et moi à contrôler mon allure !
L’effet rétro dans une vitesse automatique,
à lécher les murs de loin,
lire le subliminal,
aller doubler tripler quadrupler
s’il te plait
dessine-moi un camion …

 

C’est fou l’état dans lequel nous sommes
les lendemains de concert.
Des fois très assombris
traits noirs mais sans la peur,
bien que cernés,
d’autres fois, moins concernés
mais très excités, voir plus encore.
bien heureux !
Les rires en larmes, les mains en cascades
de gestes hauts parlants à doigts éventails,
ou des fleuves tristes commentaires sur nos erreurs
majeures
et gênantes pour l’un ou l’autre.
On trace on fend les éléments,
ça roule
on se déroule des tapis de compléments,
à travers les vitres,
on dit tout !
On essuie les glaces rompues,
comment taire
quand on aime si fort
même les grands arbres le savent,
les grands hommes électriques,
ces champs ces frères de champs,
quelle famille défile et nous éclaire !
Comment taire
le plus que tout entre nous,
les eaux en herbes,
cet inconditionnel à fleur de poses,
l’entre deux mots
à fleur de ciel,
au volant d’un nouveau film pour Montréal.
Je l’aime à tout dire.
 

Bien au comptoir

Le 10 novembre 2012, Maskinongé

Se réveiller dans cette maison de bois,
bordée d’un petit lac qu’on dit « rose ».
Le reflet des branches sur le gelé de l’eau détendue
prête à l’hiver.
Se regarder sans un mot dans les bras,
tout en or de cils.
Se lever dans un calme si calme,
descendre et voir
Jean qui lit
Jean qui se laisse border de soleil
face fenêtre ciel.
Jean qui nous offre la belle vie
d’un matin de couleurs
de chaleur
de bonheur
Jean qui nous aime si bien.
On petit-déjeune
Vyviann éblouie de lumière
le thé vert
le pain
le miel
et ce lac si près si
laqué
verni.
La jolie chance.
On décide avant de repartir
d’aller aux vents
marcher un peu.
La forêt, les feuilles, la rivière,
les éléments,
tout nous attire tellement
quand on sait que dans quelques jours
quelques semaines
le blanc sera si blanc,
le froid si froid,
que tout sera comme un tableau
le coeur en dessous, dessus.
Chacun de nos pas se marque d’un bruissement doux
il y a comme un rythme d’entre feuilles blessées,
comme résignées,
à terre et en même temps,
ce glissement subtil vers l’avant.
Les mains en poches,
pas un mot durant plusieurs minutes puis
un rire,
une remarque,
puis plus rien,
une autre remarque qui amène une histoire,
un souvenir, un rêve, un je ne sais quoi qui remonte,
les odeurs de bois, les branches craquantes.
Le tour du lac se prolonge,
il est là,
il ne dit rien, les oiseaux non plus.
Nature morte ?
Non non, le coeur bat si on écoute bien,
le coeur inspire son expire…
Nous prendrons la voiture,
irons jusqu’à Maskinongé
sous un record de plénitude.
Le lieu en bord de route,
une bâtisse grosse de même,
musée,
ancien « Magasin Général »,
salle de concert.
On se souvient de notre dernier passage avec Johanne
la femme de Jean.
C’est elle qui nous avait parlé de ce lieu,
inspiré sur la pochette du dernier album
de Fred Pellerin.
En passant on adore sa reprise de Félix Leclerc
« Douleur » quelle voix quelle courbe de coeur…
Un vrai pèlerinage que de passer par là,
pour beaucoup de monde.
Nous on y chantera
et ce sera encore de l’Unique,
du jamais vu entendu,
comme on aime offrir en fait.
La salle de spectacle au premier étage
toute de bois toute de tout un tas d’objets
suspendus accrochés plantés là,
à en rester baba comme on dit chez nous !
Steve Normandin se la jouera grand seigneur
et nous accompagnera à merveille.
Comment remercier toutes ces personnes présentes,
qui chantent
qui sont avec nous sur ce fil
ce fragile
ce désir qui nous mène
à tout dire de plus.
Sans vous,
quelles improvisations,
quelles visions,
quel passage ?
Les mots en nage,
les yeux en neige
les mains en l’air !
On se rend,
on se donne
rendez-vous.
Revenir encore …