Ton Québec et Montréal

Le 15 novembre 2012
Il y a ce genre de cadeau que l’on n’imagine pas,
une ville entière.
Et quand on y est,
on se fait des amis pour la terre entière.
Y’a pas photo,
enfin si
il va y en avoir,
juste je veux dire,
entre nous c’est d’accord
on aime vivre ce tempo space
et ce quartier « Petite Patrie »
qui chamade le coeur de Montréal.
On y est bien, on y respire le meilleur.
On entrouvre les stores,
on voit de suite les rayons jaunes
les branches nues, les écureuils
la palissade fond de jardin
les maisons d’en face inoubliables
aux escaliers extérieurs.
On va se reposer quelques jours,
écrire, raturer, faire du linge,
appeler nos amis,
ensemble voir une expo basse ville,
Isa B une sculpteure de matière
un travail magnifique inspiré des bidonvilles.
Elle est là, au milieu de la galerie
assise face à l’homme
qui boit un verre de vin,
discute à voix douce, timide apparemment,
et nous tournons tout autour
pour voir son travail,
c’est drôle comme image là.
Ah si j’étais riche lalalalalala !
On quitte pour aller dans le vieux Montréal,
le vieux port, le coin touristo …
Mais pas que…
Rentrer tard.
Demain et l’après encore sortir
profiter de Nicole,
quand elle peut,
débordée,
aussi se faire des petits plats,
cependant que son compagnon Pascal
travaille son film dans la salle de montage au-dessus.
Traverser la ville sous l’ennui des pluies passantes,
y trouver bonheur.
Quartier Outremont pas loin du resto « La joie »
où nous dînerons avec Bori,
cet artiste libre et heureux,
comme nous, indépendant …
à la note près !
On se projette,
comme des pros, on jette
l’inutile des discours pour une autre histoire possible,
pour cible,
nos chants d’amour et son talent rassembleur,
cet homme est généreux total,
on se quitte comme on s’inquiète,
mais c’est juste pour rire des mots
que j’écris cela.
En vérité on se laisse confiants,
conscients de ce qu’il ne faut rien lâcher de la culture
au regard pur.
Un soir en rentrant sous la nuit
on passe devant un jardin,
des poissons en bocal
aquarium d’hiver à découvert.
Merci les gars, on se pose,
on en profite
c’est certainement ce que vous souhaitez,
bande de généreux !
Merci.
Vous dire, ici y a pas de barrières devant les maisons,
on a confiance les uns les autres et donc
chacun partage à sa manière sa créativité,
c’est touchant vraiment touchant.
Notre voisin lui à Petite Patrie,
il fait pousser des tomates, là,
juste au bord du trottoir !
Les ruelles aussi,
entre les rues,
elles sont le derrière des maisons,
là peu de bruits, peu de monde,
un autre monde.
Vyviann adore regarder les détails,
le dos des choses,
prend mille et mille photos,
on marche beaucoup,
le froid serein pour seul ami
qui chante quand il souffle et s’affale.
Plus peur du noir.
Une fois rentrés,
passé le quartier des affaires,
les vents engouffrés entre les blocs,
une fois laissé sur la gauche
le quartier chinois, puis l’X,
les taxis sur St Laurent,
les allures déambulées,
bien à l’ombre nocturne rentrés,
on se mate quelques films.
Nicole travaille pour les productions
« Vidéo femmes » j’en ai déjà parlé,
aussi on a accès à de très bons thèmes,
un régal documenté, sociologique !
les infos, les escroqueries bitumineuses …
Bon, pas tarder,
demain on joue à Ste Geneviève en face de l’île Bizard
avec les amis musiciens,
on est comme on sème.

Chaque victoire…

 On the road again, le 11 novembre 2012

Pour rentrer sur Montréal ce sera simple
et rapide.
Pas les yeux mais bouches fermées,
Vyviann à s’éveiller toute en douceur,
et moi à contrôler mon allure !
L’effet rétro dans une vitesse automatique,
à lécher les murs de loin,
lire le subliminal,
aller doubler tripler quadrupler
s’il te plait
dessine-moi un camion …

 

C’est fou l’état dans lequel nous sommes
les lendemains de concert.
Des fois très assombris
traits noirs mais sans la peur,
bien que cernés,
d’autres fois, moins concernés
mais très excités, voir plus encore.
bien heureux !
Les rires en larmes, les mains en cascades
de gestes hauts parlants à doigts éventails,
ou des fleuves tristes commentaires sur nos erreurs
majeures
et gênantes pour l’un ou l’autre.
On trace on fend les éléments,
ça roule
on se déroule des tapis de compléments,
à travers les vitres,
on dit tout !
On essuie les glaces rompues,
comment taire
quand on aime si fort
même les grands arbres le savent,
les grands hommes électriques,
ces champs ces frères de champs,
quelle famille défile et nous éclaire !
Comment taire
le plus que tout entre nous,
les eaux en herbes,
cet inconditionnel à fleur de poses,
l’entre deux mots
à fleur de ciel,
au volant d’un nouveau film pour Montréal.
Je l’aime à tout dire.
 

Bien au comptoir

Le 10 novembre 2012, Maskinongé

Se réveiller dans cette maison de bois,
bordée d’un petit lac qu’on dit « rose ».
Le reflet des branches sur le gelé de l’eau détendue
prête à l’hiver.
Se regarder sans un mot dans les bras,
tout en or de cils.
Se lever dans un calme si calme,
descendre et voir
Jean qui lit
Jean qui se laisse border de soleil
face fenêtre ciel.
Jean qui nous offre la belle vie
d’un matin de couleurs
de chaleur
de bonheur
Jean qui nous aime si bien.
On petit-déjeune
Vyviann éblouie de lumière
le thé vert
le pain
le miel
et ce lac si près si
laqué
verni.
La jolie chance.
On décide avant de repartir
d’aller aux vents
marcher un peu.
La forêt, les feuilles, la rivière,
les éléments,
tout nous attire tellement
quand on sait que dans quelques jours
quelques semaines
le blanc sera si blanc,
le froid si froid,
que tout sera comme un tableau
le coeur en dessous, dessus.
Chacun de nos pas se marque d’un bruissement doux
il y a comme un rythme d’entre feuilles blessées,
comme résignées,
à terre et en même temps,
ce glissement subtil vers l’avant.
Les mains en poches,
pas un mot durant plusieurs minutes puis
un rire,
une remarque,
puis plus rien,
une autre remarque qui amène une histoire,
un souvenir, un rêve, un je ne sais quoi qui remonte,
les odeurs de bois, les branches craquantes.
Le tour du lac se prolonge,
il est là,
il ne dit rien, les oiseaux non plus.
Nature morte ?
Non non, le coeur bat si on écoute bien,
le coeur inspire son expire…
Nous prendrons la voiture,
irons jusqu’à Maskinongé
sous un record de plénitude.
Le lieu en bord de route,
une bâtisse grosse de même,
musée,
ancien « Magasin Général »,
salle de concert.
On se souvient de notre dernier passage avec Johanne
la femme de Jean.
C’est elle qui nous avait parlé de ce lieu,
inspiré sur la pochette du dernier album
de Fred Pellerin.
En passant on adore sa reprise de Félix Leclerc
« Douleur » quelle voix quelle courbe de coeur…
Un vrai pèlerinage que de passer par là,
pour beaucoup de monde.
Nous on y chantera
et ce sera encore de l’Unique,
du jamais vu entendu,
comme on aime offrir en fait.
La salle de spectacle au premier étage
toute de bois toute de tout un tas d’objets
suspendus accrochés plantés là,
à en rester baba comme on dit chez nous !
Steve Normandin se la jouera grand seigneur
et nous accompagnera à merveille.
Comment remercier toutes ces personnes présentes,
qui chantent
qui sont avec nous sur ce fil
ce fragile
ce désir qui nous mène
à tout dire de plus.
Sans vous,
quelles improvisations,
quelles visions,
quel passage ?
Les mots en nage,
les yeux en neige
les mains en l’air !
On se rend,
on se donne
rendez-vous.
Revenir encore …

La Yourte de St Elie

Le 9 novembre 2012, St Elie de Caxton

On arrive en voiture avec l’ami Jean,
On a traversé bien des images naturelles
d’une allure douce,
paisible, heureuse à trois.
Pas de pluies,
pas grands froids,
des lumières un rien grisailleuses
au soleil gris paresseux,
on a laissé filer nos émotions,
les sujets qui tâchent aussi,
parler culture aujourd’hui c’est comme une impasse telle.
Jean travaille dans le milieu du cinéma.
Lui aussi voit le monde abusé de toutes parts,
les producteurs purs produits de pouvoirs,
les abus les profits,
les non redistributions,
les artistes réductés …
Bref, on lâche…
St Elie de Caxton à 6 miles…
Ok
On traverse le village que nous aimons tant,
le proprio du Dépanneur a vendu,
un chinois a repris l’affaire,
qui promet de ne rien changer.
Les habitants sont perplexes…
Un chinois à St Elie de Caxton !
Première à droite, la Yourte de Keven,
on y est.
Le Rond Coin !
On parque l’auto, on vide le coffre,
le matériel,
on entre, et là …
Magnifique Yourte
toujours aussi belle
et la chaleur …
Le poêle à coté de la scène
qui sera éteint juste avant le concert,
qui là, donne à plein coeur son soleil brûlant.
Les retrouvailles,
Steve Normandin qui arrive à son tour,
le tempo d’un thé vert
on monte le matériel,
on fait le test de sons.
Jean revient du petit Lac Rose
où il a été poser les affaires, chauffer le chalet, mettre du bois,
on mange ensemble à la légèreté,
l’amitié,
à ce concert qui s’en vient.
Ce sera très beau dans cette Yourte les mots
les mots qui volent
les mains qui dansent entre nous
tous ces yeux d’or,
on laisse de coté de profil
les pensées inutiles, oui on file
on feel,
… on on on une fois de plus on…
… C’est plus fort que nous,
nos voix dépassés se lâchent
des envols inattendus,
on traverse les mers,
on feel,
plus rien ne nous retient c’est clair,
plus rien ne nous appartient,
plus d’airs.
On est aux anges et le public aussi,
qui ne pourra partir ainsi,
il nous sera bon de boire,
de voir,
d’asseoir
nos élans mélangés à cette croyance pure.
Certains danseront sur les accordéonites de Steve,
cette Yourte valsera comme en plein film,
les années 30, 40 …
On terminera chez Jean à manger des pâtes
le feu le foyer la bûche l’enfance,
à nous raconter de ces histoires,
au bord du petit Lac Rose, tout de noir
et d’ondes en somnolences,
l’enfant do.

Un entre deux

7 novembre 2012 sur St Vallier

 

On en passerait  des jours à enfiler des larmes
 et je pourrais le croire.
Un doux instant de rien
l’aube d’un frôlement
l’écureuil a bon dos,
autant de feuilles que d’étoiles.
L’écoute au goutte à goutte,
démasquer l’errance vide
croire.
De profil
nos pas à pas,
élégantes nos avances
automnales
l’air saoule.
 Le simple fait de nous ce désir souple.
On en passe des beaux  jours à ne plus prendre les armes.