Boischatel

Boischatel, 19, 20, 21 novembre 2012

Quitter l’île d’Orléans c’est délicat.
On se demande ce à quoi pensait
Félix Leclerc dans ces moments là.

Le long pont,
cette vue grandiose et tellement précise.
On embrasse Manon,
le Prince Albert
et nous voici de l’autre coté du fleuve, juste en face,
à 10 minutes,
à si près du coeur.
Leur belle maison d’en haut,
Marie-L’eau et ses parents.
Quel plaisir de se retrouver comme si
on ne s’était pas vus depuis hier !
Un an passé,
les mêmes cercles de bras,
les rires,
les désirs d’en savoir plus,
les sensations fortes frères,
soeurs.
On restera chez eux deux jours mais quels jours.
Des balades au-dessus de la maison,
dans la forêt,
roches,
écorces gelées,
herbes raides,
vues sur le St Laurent,
au loin dans les brumes,
Québec ville.
Quelle luminosité,
quelles intensités.
Entre nous, les discussions sur la culture,
la chanson dans quel état,
Et cette nuit tombante de si belle heure,
faire un feu,
écouter ensemble de la bonne musique,
le père la mère la fille,
Vyviann et moi,
en « impro » familiale,
totale
avec le chant complice de Roxy,
impressionnant le chien !
Dernier matin,
reprendre la route
se desserrer,
se dés-embrasser pour quitter
partir,
séparer les coeurs,
tristes,
prendre le chemin de Montréal,
Le réel …

Stradivarius

Et c’est sur un matin
satin
gel de lisse


en transparence macule
que mes yeux à mon insu,
sel,
lèvent ce regard qui est le mien.

Vivre aujourd’hui,


juste pour aujourd’hui.


L’île d’en face

Après avoir passé le pont,
l’île d’Orléans.

Quelques km de route,
tourné à droite,
passées les ornières et les flaques gelées,
on est arrivés baie des Anglais.

Pleine nuit,
petite lune,
grand chalet,
chez notre amie Manon.

Là,
la magie totale,
bord de fleuve noir,
des pylônes au loin
scintillants d’étoiles rouges sur leur métal de nuit.

Les lumières d’en face,
Un peu comme un drôle de Noël à nos yeux fascinés !!!
Une ambiance folle-douce
d’après concert quand la tête n’est pas encore posée.

On respire à grand froid ces silences dressés, là.
On entre dans sa maison chaleureuse,
l’ami Albert,
Christophe et sa caméra,
on mangera vite fait avant de trouver le sommeil d’Orléans !


Il fait un soleil blanc dans la pièce
pas de bruits inutiles, le fleuve clair,
matin neuf,
marée haute,
un regard,
un désir,
fixer l’instant dans mon cœur.

Tout notre petit monde dort encore.
J’imagine quand la neige viendra se poser là,
d’ici quelques jours,
plus moyen de partir,
contemplation obligatoire !

On tourne quelques images,
plan caméra,
bord de gel,


Vyviann danse et vire et tourne
on chante « Le P’tit Bonheur »
à l’eau,
à la roche,
on disperse les mots de Félix
on lui rend l’air
un vrai grand bonheur.

On rejoindra quelques amis,
on chantera et puis la nuit,
la nuit tombera si rapidement,
on ira souper tous ensemble chez Manon.


Là les guitares les voix,
les amis qui chantent la baie des Anglais,
les 250 navires en face,
c’est incroyable,
nous n’avons plus guère cette chanson chez nous en France.

Ici les gens sont marqués et transmettent facilement le passé,
les histoires d’amour à l’Anglaise !
Les combats permanents d’alors,
quelques siècles en arrière ne font pas peur,
les détails profonds de ces peuples
aux souffrances terribles,
en vers, encordés et ces amis qui chantent,
là, maintenant, quelle Histoire.

Et puis des reprises de Léo, de Richard Desjardins…
Quelle soirée, du sacré.
Merci Manon,
ta porte ouverte, cette chaleur,
les amis, merci pour de vrai.
La chanson dans le bon sens,
toute en présence,
magnifique.

Vous êtes de beaux gardiens, des anges.


Babylone café

Québec le 17 novembre 2012

Allez je vais le dire haut et fort,

on vous aime
on adore venir vers vous
on est prêts à tout pour arriver
et aujourd’hui
en route pour Québec ville,
Le BaBylone.
Yes, ça déboule ça déconne,
on roule sous un ciel de menaces,
pour certains, dégueulasse,
nous on adore le perpétuel de ces mouvements.
On trace
on se livre des secrets.

Vyviann me parle de ses premiers concerts,
de Gainsbourg,
ses amours perdues…

Elle me touche de si près,
me frôle de ses mots,
sa voix qui ruisselle un fado,
j’aurais aimé enfant
jouer dans sa cour,
Vyviann …
On arrive et des amis,
des fans,
sont déjà là,
Christophe derrière sa caméra,
venu de Rivière du Loup,
Manon, Albert et les autres ,
amis Suisses compris.
Ahhh,
le lieu est tellement chaleureux,
on est HEUREUX.
Ce sera un soir d’improvisations,
de ces dons impensés,
quand les voix se lâchent la main,
comme deux avions s’amusent
en un ciel ami.
Le public très excité qui chante au moindre cygne,
on est gâtés, vous,
vous
nous
gâteau !
Merci à Martin
âme de passage,
sauveur de sons,
magicien, j’ose,
et vous
parce que sans vous et bien …

Sans vous

16 novembre 2012, Sainte Geneviève

On ne met pas trop longtemps pour arriver,
c’est dans l’ouest de Montréal
en bout de l’île,
face à l’autre si petite,
l’île Bizard.
L’île aux dollars …
Et non,
nous ne chanterons pas
« L’île d’en face » !
Un chouette panneau indique le concert,
bel accueil ma foi.
Les musiciens nous rejoignent,
on installe un climat,
on met les voiles,
la salle est vraiment belle,
Pauline Julien
peut rayonner de son nuage bleu,
col fleur de Lys,
on respire le meilleur.
Steve, l’accordéoniste est là lui aussi,
ça swingue la compagnie,
le public vole en éclats,
les morceaux sans chaînes
libèrent notre engagement premier.
Bien des amis sont là,
venus juste après leur journée
folle pour certains, de folie pour d’autres.
Fidèles fidèles,
comment leur dire notre respect
notre amour fort,
ce concert est d’instances
intense,
pur.
Si on nous parle souvent de galères,
de cette société déçue,
l’oeil bitumineux
l’impuissance éclectique
ces dirigeants aux sables incultes,
les mafieux messieurs,
ce vide qui les anime,
les sarko-traflicants
d’un courant qui provoque
les abandons,
Vyviann et moi,
ok on est d’accord
pour lâcher tout c’qu’on peut,
maître du feu ce soir,
cette scène là, on vous la doit.
Ahhhh votre force,
on a tant rit ensemble ce soir,
brisé l’écorce,
chanté ensemble ce soir,
misé ensemble l’espoir.
L’Humanité
c’est beau comme un dimanche
Vous nous aidez à tenir,
retenir
nos colères,
nos projections,
le film,
toutes ces embarcations
vers le malheur Kéops des portes rouillées.
Vous nous aidez à poursuivre
à écrire le rêve humain
à dire le simple du désir
la main
la voix
le mouvement libre
la satisfaction
l’éloge le déluge
l’âge d’un chant d’impermanence.
Quand on dit
« Sans vous on s’ennuie »
entendez la nuit,
l’après concert,
l’impoussière des verres,
le rouge en instance,
la scène qui se vide
se moire d’entre fils,
l’errance de ce souffle d’argile,
le tout le rien dire,
le silence des fleurs offertes,
la closerie impossible.
Oui, sans vous
c’est rentrer nulle part
c’est dormir sans sommeil,
plus de coeur,
à part,
l’art par terre,
plus de veines,
plus d’peau,
échappées les phrases,
les yeux des mots dans l’eau,
le poing des suspensions
qui ruisselle, sale seul.
La fièvre,
le sang
le mauvais sens,
perdue la notion.
Sans vous,
pas question,
plus d’interrogations
d’intentions
sensations,
sans vous qui nous offrez tellement,
présents
face à face
ouverts.
Alors on monte dans la voiture,
on rentre à la maison
mal aux lèvres d’illusions,
l’autre bord,
dark side,
on rejouera demain aussi beau qu’aujourd’hui
pour vous.