Vendredi 2 décembre, Laurier, Manitoba.
J’ai lié ma botte avec un brin de paille …
Je me souviens de cette chanson
avec mon frère et ma sœur
en arrière de la Simca familiale
sur la route des vacances…
Là c’est la même joie d’enfant
Vyviann et moi on roule,
on roule,
on traverse les immensités Manitobaines
qui mènent à Laurier.
De grands virages encerclés,
de ces plaques de verglas où se reflètent les nuages indiens
on roule,
on longe le lac, et par moments c’est sublime
comme un lagon qui se serait trompé de saison,
on est entre les glaces du lac,
des deux cotés de cette blancheur spéciale
turquoise un peu.
On a l’impression de filer à l’infini,
de patiner
sur un miroir horizontal,
l’impression de fêler la perfection vierge,
c’est tellement fort cette sensation, on ne chante plus
bouche bée,
tombés
comme nus
dans cette resplendissante nature sauvagement plate,
offerte,
ronde aussi,
profonde,
on ne sait plus très bien,
on hallucine
c’est sûr,
c’est trop de beauté
on ralentit,
il fait -15 au compteur,
on roule
60 à l’heure, plus de mots
et plus d’essence bientôt !
Quelques siècles plus tard on s’arrête,
après des km extra-terrestres
un « dépanneur » en bord de rien,
on fait le plein à la pompe qui n’en a plus l’air,
d’ailleurs la femme nous demande 20 dollars
alors que son compteur en affiche pour 10
mais bon c’est ok.
Dans sa boutique, des pièces détachées,
de l’alcool, des batteries de voitures, du pain,
elle fait office de Poste aussi …
Je t’imagine Vyviann marcher des heures dans la neige
pour lui remettre une lettre,
en recevoir une,
c’est un comptoir, un lieu qui nous fait son cinéma !
Autrefois il devait se vendre la fourrure, le bois, va savoir …
Allez roule,
ici et maintenant, beaucoup d’élevage, des prairies,
on voit les bêtes qui apparemment n’ont pas froid aux yeux,
des troupeaux entiers, de ces couleurs animales …
Très peu d’arbres.
Hey voici Laurier,
on y est c’est Laurier, mon amour, Laurier,
petite ville sans prétentions,
et puis la Grange sur la gauche,
l’auberge où on joue ce soir.
On se gare, la maison dressée comme blessée
toute en travaux de l’extérieur,
toute enchantée,
et Lucien qui nous ouvre ses bras en premier !
Lucien lunaire,
on pourrait croire au comtes de fées,
surtout Vyviann !
Il nous fait la visite du chef qu’il est
(réputé dans tout le Manitoba pour sa bonne table)
chef cuisinier,
casanier,
designer,
là on n’y croit pas c’est comme un décor de théâtre,
un chantier d’artiste,
à chaque chambre un nom
la chambre « Johnny le cow-boy »
la chambre de la Tante postière,
la « Méditerranéenne »… la chambre ALCAZ !
Tout ça dans un bel assemblage drapé,
des tentures à la place des portes en attendant,
tout cela dans un précieux magnifique,
et puis ce mur,
un mur de mémoire qui représente
les quatre façades différentes au fil des générations de la maison,
on est comme transportés,
une sorte d’ailleurs ici c’est où, bien là
quelle pièce ?
Deux poêles à bois suffisent pour ces trois étages échafaudés,
vous dire donc combien cela fonctionne
dans cette maison de bois et de tissus.
Et puis cet homme Lucien, dit facilement
qu’il ne transforme pas cette maison pour rien,
c’est pour que les gens puissent venir s’y poser
se reposer
déposer un peu de leur vie, là,
et vivre ensemble leur temps choisi.
Il aime le cœur de l’autre et le sien est ouvert tellement.
Les regards sont simples et on est comme dans une éternité,
comme depuis si longtemps, frères, sœurs,
en tous cas c’est un ange,
et d’ailleurs il y en a plein les murs les toiles et les tableaux,
une réelle atmosphère.
On est aux anges !
On se sent comme libres.
Des jeunes arrivent , des professeurs à l’école du village,
Québécois, ils se connaissent bien et en échange d’un bon repas,
donnent de l’aide.
Aujourd’hui c’est la déco de Noël
et puis la soirée ALCAZ.
Ils sont très dynamiques et heureux, `
joyeux,
ça rigole à tout va,
un réel instant de grand bonheur doux.
pendant ce temps on installe, on prépare,
et puis vient le repas,
préparé aussi par Mariette et son homme,
une immense table posée là en plein milieu,
on est nombreux, c’est beau, très beau.
Le concert sera tout aussi beau et fin,
les jeunes mettront le feu !
Il y a aura bien du monde et même une vieille dame de 91 ans !
Une française de Montpellier installée depuis ses 20 ans.
Pour nous c’est très touchant, et les anges
les anges…
On terminera la soirée à nouveau autour de cette table,
à rire à manger et boire la joie des histoires partagées.
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Au petit matin la lumière envahit l’espace,
tout le monde est là en douceur,
on se dit que partir est toujours une petite déchirure,
mais on a le temps encore aussi
on va tous faire une balade,
porter le cœur à cette pure merveille qu’est la nature
la neige, l’air grand.
Les chevaux eux aussi bien curieux
qui vont nous donner le plein d’amour !
Au loin,
les voitures et leur nuage de neige en arrière
les saluer au passage,
le froid qui nous frôle…
Rentrer manger une dernière fois ensemble
partager le pain.
La moutarde maison Lucien Boisvert,
une recette de la grand-mère
dont nous ne saurons pas les quantités ni les ingrédients,
un régal !
Le thé dernier de l’amitié
Un vrai moment de prière c’est fou !
Nous sommes si proches de l’âme là,
la pleine conscience.
Oui notre désir est là. Partager le vivre.
Photo, un signe, partir…
Bonjour
Interessant lorsque je me réveille ce matin, j’ai cherché ce chant de mon enfance : J’ai lié ma botte avec un brin de paille …
Salutations de la Californie,
La famille Zender
Merci pour le voyage partagé… Pour l’azur et la chaleur.
Magali B.