La Broquerie  le 29 novembre, Manitoba

..

On entend les trains de nuit et de jour
comme s’ils étaient à coté,
ça nous rappelle les westerns,
la cloche du passage à niveau,
le klaxon de la loco, pareil, on y est !
Ca nous réveille
et c’est bien car on doit quitter nos amis vers 14h.
Enfin notre amie Mona,
car Gilbert s’il avait pris
une journée de congé hier pour nous et le concert
ce qui est absolument généreux, et bien Mona elle,
a choisi d’opter pour deux journées off
et rester pour nous accompagner jusqu’au départ
et aussi j’imagine pour ranger la maison,
après l’ouragan “ Chemin chez nous”
cette asso comme le “Chant’appart” en France,
et qui ici nous engage pour cette tournée au Manitoba.
Manitoba, Manitou,
Manitou en indien veut dire esprit.

Il y a vraiment un bel esprit depuis le début, c’est touchant.
En nous préparant
Mona nous parle de ses enfants
qui luttent avec eux depuis quelques temps pour la Francophonie.
Il semble y avoir une génération qui s’en moque
et les enfants parlent Anglais
et puis devenus parents ils mettent à leur tour
les petits en école de Français, c’est étrange.
Elle nous raconte la marche des jeunes vers Ottawa
pour aller y planter le drapeau Franco-Manitobain
tous à vélo, deux semaines de routes pour cela.
Un bel engagement réel.
Il y a d’ailleurs sur ce thème un vidéo

Là on voit vraiment en deux parties, l’énergie de la jeunesse ,
c’est formidable.
Le temps passe vite
et Mona nous prépare un petit repas comme elle sait si bien faire
et puis on se dit tout.
Sa chanson préférée,
on s’embrasse,
On y va.

15 minutes plus tard coup de téléphone,
elle me signale que j’ai oublié mon manteau …
C’est pas vrai !
Ca devient trop drôle !!!
Elle nous l’amènera jusqu’à Ste Anne où nous sommes déjà rendus,
sacrée belle Mona,
merci encore,
des bisous plein à toi et ton homme Gilbert.
Prenez soin.

La broquerie, 28 novembre, Manitoba

On se retrouve à table pour un petit déjeuner
et comme hier on parlait de cette journée off,
et notre désir de marcher, prendre l’air,
Mona et Gilbert nous proposent de suite
de bouger dans le bon sens.
On parlait hier de son job, aussi on pourrait aller
sur place voir toutes ces machines agricoles
de la démesure.
Il faut savoir que le Manitoba d’aujourd’hui c’est
la terre, les élevages de bisons entre autres.
Alors on finit de se préparer et c’est parti.
On traverse le village
et on aperçoit tout le long des églises
il s’agit de tous les évangélistes
qui, dès qu’ils ne sont pas d’accord avec l’enseignement,
ou le pasteur,
montent leur propre église,
alors ça donne 18 lieux de culte différent
rien que pour la petite ville de Steinbach
où travaille Gilbert !
On y arrive, l’entreprise expose en extérieur
ses plus belles machines,
monstrueusement grosses.

Il nous explique l’agriculture,
le nouveau dans tout ça
c’est que les petites fermes disparaissent et donc
il n’y a que les Européens pour revendre leur ferme chez eux,
et acheter ici pour le même prix des immenses parcelles et cultiver.
Ici dans la ville et alentours ce sont les Allemands qui ont pratiquement toutes les fermes.
C’est tout un nouveau monde qui de plus n’en a cure du Canada,
ils vivent entre eux, ne s’intéressent pas à la vie sociale,
ni à l’histoire de cette province, le Francophone n’en parlons pas…
D’ailleurs ils réclament même leur propre école.
En tous cas,
pour travailler ils s’achètent les engins les plus performants,
et ça à chaque année.
On comprend mieux avec Vyviann, pourquoi tous ces cimetières de consommation,
ces carcasses rouillées en bord de routes
…

A chaque ferme c’est pareil dans toute la région,
c’est fou et ça casse un peu le paysage,
mais là c’est tout le monde,
les maisons privées aussi laissent pourrir leurs voitures,
ça doit couter trop cher de faire venir une dépanneuse
pour la casse.
Une fois qu’on a fait le tour, on repart et cette fois
nous allons à travers les prairies et là…
Le troupeau de bisons
dont on disait hier qu’on n’en avait jamais vu,
sauf dans les films, hey
nous y sommes, ils sont à deux mètres de nous,
en train de manger.

Alain le fermier nous raconte comment ils vivent
toute l’année dehors, sauvages, dangereux,
et comment le cours du bison est remonté depuis deux ans.

C’est une viande très prisée et surtout lui,
ne traite aucun de ses animaux.
Il refuse,
et le bétail est en liberté sur des acres et des acres.
C’est vraiment un très bel animal et on sent la force en lui,
Comment il virevolte en deux secondes.
On est en plaine et au grand air sous un ciel bleu,
on croit rêver. L’Amérique !!!

C’est la première fois
qu’on est un peu disponible
et qu’on se prend un temps de découvertes !
On discute et à grand plaisir avec le fermier.

Respirer, respirer, inspirer,
s’inspirer pour renaitre tout de suite après.
La jolie chance.
En rentrant dans la voiture Vyviann est comme une enfant,
à poser mille questions et j’adore quand elle est comme ça,
tout éveillée, c’est beau la vie de profil !
La lumière lui va bien avec ses lunettes de soleil.

A l’arrière des Berlines …

On rentre et là une petite pause à table
et puis on installe pour le concert du soir.
Chacun à ses affaires
par contre aucun stress de personne
ça aussi c’est cool, même nous
on est super tranquilles et tout va ainsi se mettre en place.
On transforme la maison en un espace scène très intime.
Les gens arrivent et on va leur offrir un concerts en deux sets, mémorable.
Ils sont formidables, d’une écoute à faire peur aux poissons
d’un humour qui démarre en deux temps , un mouvement …
Vraiment une très belle soirée
et pour clôturer le tout, les frères les parents, la famille
se pose instinctivement en cercle une fois les amis partis
et là on se retrouve à vivre des éclats de rires
entendre les histoires des grands parents, des parents,
comment ils sont arrivés au Manitoba.

Combien nombre d’entre eux mouraient de froid en arrivant du Québec
Les jours sans école, enfin,
que des belles histoires et surtout le papa de Mona,
un coquin de première, vieux Monsieur tout bien vivant
Aimé de son prénom, quel personnage !
Quel humour !
Nous raconte comment il allait à l’église du village d’à coté
pour inlassablement regarder celle qui deviendrait sa femme
et dont il est toujours amoureux, c’est beau à entendre,
à les voir aussi …
Et chacun y va de son anecdote … C’est beau une famille la nuit !!!
Comment ne pas bien dormir après ça.
Il est loin le concert, que de rires et de blagues
avec l’accent Franco-Manitobain s’il vous plait !
Belle nuit

Dimanche 27 novembre 2012 / La Broquerie, Manitoba.

Émotion Franco-Manitobaine .
Ce qui importe c’est de ne pas rouler la nuit,
arriver avant cela.
On fait tout pour.
Les émotions passées,
on admire la lumière sur ces draps de neiges
et les fils innombrables électriques
qui sillonnent le pays.

On écoute la radio et puis vite on éteint,
pas l’goût d’la soupe !
Y’a beaucoup trop de soupe hélas,
ce n’est plus vraiment comme avant.
Comme en France d’ailleurs,
ca baisse de plafond.
On en profite pour parler de la famille,
de la maison des amis, des frères et sœurs
de nos enfants qui nous manquent…
On va tout faire quand on sera de retour,
pour ces quelques jours sur Paris.
On change de sujet,
on visualise la maison de nos rêves,
on positive !

On entend les vents froisser la tôle
le tempo des clics de l’appareil photo de Vyviann
qui tout en roulant,
n’arrête pas
et qui a bien raison.
Là elle me demande d’arrêter l’auto,
on est sur un pont, il fait –7
Mais il y’a cet orangé sur la rivière gelée
on ne peut louper ça, elle a raison,
tiens même la prendre de l’autre bord  du pont.
Et voilà, on est dans l’unique,
le magique où l’instant ne sera plus
dans un instant.

On se dit que si nous tombions en panne ici
ce serait très difficile
car il n’y a pas âme qui vive à des km
et le téléphone ne passe pas.
Ils nous ont prévenu les amis,
si ça tombe et que tu ne vois plus rien à un mètre tu t’arrêtes,
le moteur, tu le coupes,
tu allumes une bougie,
tu t’enroules dans une couverture de survie
et tu attends que cela passe.
Rien d’autre à faire.
Ca parait simple,
déjà avoir les couvertures de survie,
de l’eau
et puis savoir rester bloqué des heures dans une voiture
pas dans un appartement, non,
dans une voiture et rester patient …

Bon pour aujourd’hui on ne risque rien, le ciel est dégagé,
juste il gèle
et nous arrivons chez Mona et Gilbert à  » La Broquerie »
par la MB 210S,
on longe la voie ferrée et on y est.

On sonne,
un beau couple amoureux nous ouvre la porte
et le froid perd sa place.
Ils  sont tellement chaleureux…
D’ailleurs ils collectionnent les soleils !!!

Normal dans ce grand pays de vents glaciaux!
On se découvre à l’heure du grand match de foot Américain
la coupe pour laquelle Winnipeg va se battre.
Des fois les gars ils jouent à -25 c’est fou !
Nos deux oiseaux nous montrent leur maison toute belle
et on se rencontre ainsi, en beauté.
Pendant le match inévitable nous on fonce travailler sur l’ordi
On se retrouve pendant les pauses,
ils sont adorales et tellement réservés tous les deux.
On parle de tout, des enfants, de la vie sociale dans leur village
des engagements.
Ils nous racontent leur ancien boulot
quand ils travaillaient ensemble.
On compare avec nous, le couple 24 sur 24.
On fait doucement connaissance
on croise nos origines, on cherche et on parle des régions
où leurs ancêtres ont vécu.
Ils aiment la France, tous, c’est émouvant vraiment.
On se retrouve ensuite pour digérer, au salon
boire le thé, et là,
un superbe billard américain
et c’est parti, Gilbert m’apprend
Mona elle, elle joue superbement
et nos premiers rires se font entendre !
La relation prend forme.
C’est vrai qu’on est ensemble pour un concert chez eux,
mais demain,
ce soir c’est off.
La seule soirée off de la tournée et c’est chez eux.
Donc on est là, on mange on dort sans se connaître,
c’est vraiment incroyable cet accueil,
on est touchés bien évidemment.
Ils nous disent que tout est prêt pour demain,
qu’il y aura du monde, que nous sommes attendus.
Mona nous explique ce qu’elle a préparé
comment elle a téléphoné partout.
quelle énergie et quelle foi !

Dimanche 27 novembre 2011

On va quitter St Jean Baptiste
Cette nouvelle journée nous éblouit
de son incroyable soleil droit dans ses bottes.
On peut se demander où nous sommes aussi !
C’est étrange parfois,
à force de dormir partout, d’une nuit à l’autre on ne sait plus.
Le réveil, c’est important le réveil.
On retrouve Lise et Denis
ils reviennent de la ville
puis on regarde comment aller à la prochaine ville de rendez-vous.
Ils nous ont préparé un superbe repas,
Denis me reparle de cette potion magique
pour les douleurs d’articulation,
tendinites et autres,
on va voir sur internet
www.monavie.com
avec mon problème récurant
oui je vais voir ça de plus près.
En fait chaque personne est comme
un ange avec une solution
depuis qu’on est sur les routes !
C’est tellement attentionné de sa part,
leur part,
vous le dire on est bien ensemble,
pourtant on doit y aller si on veut arriver avant la nuit,
à La Broquerie.
On visite son atelier de menuiserie, et on s’en va.
Amis, comment vous le redire, vous êtes si généreux,
et bravo pour votre dévouement à la culture Francophone, c’est beau.
Merci.
…
On crisse sur la glace,
Lise et Denis rentrent chez eux main dans la main,
ils sont beaux à regarder de dos,
y allant !

Quant à nous
regarder droit devant,
avancer,
ne pas réfléchir,
avancer.
Oui se le dire, émus,
combien on est touchés par ces gens formidables,
qui donnent de leur personne sans compter,
comme ça,
par amour de la chanson,
des autres
et leur désir de faire connaître des artistes
à leur communauté,
cette communauté Franco-Manitobaine,
c’est extraordinaire,
quel courage et quelle force.
Des fois on se retrouve à pleurer dans la voiture …
C’est trop fort, intense et marquant.

…

La route se déroule
longue et droite sans fin on dirait,
des terres plates sur un ciel de neige tombés des nues
les champs immenses nous semblent toujours les mêmes
et pourtant …
Allez, roule petit, roule petite.