La peur et ses limites

01 Août

 

On quittera Rivière du Loup en début d’après-midi

sachant que nous allons seulement jusque Campbellton

au bord de la rivière Restigouche.

Le soleil posé nous incite à la légèreté.

Mais mais mais…

IMG_4462

Tout est d’impermanence et…

d’imperméables

… En effet la pluie ne tardera pas.

IMG_4543

Et là, croyez-nous, ce fut terrible,

très vite le mauvais du temps s’est pointé de face.

C’est très fatiguant à la longue,

et dans ces moments là, le moral se la joue morose un peu.

Les mots se font rares entre nous qui nous aimons tant !

Chacun est concentré sur la route, les camions, la visibilité.

IMG_4504

On écoute les infos bêtement,

on craque,

on croque des biscuits nerveusement

et tout cela passe si lentement.

On s’arrête quelques minutes,

on sort en courant pour aller aux toilettes dans un Tim Horton

et on repart (surtout pas de gâteau là !)

par contre nous ferons une vraie pause à Edmundston,

IMG_4484

là on cherche âme qui vive inutilement,

on voit un dépanneur (un épicier chez nous)

avec une enseigne « Bar »

on entre et on ne voit pas le bar,

on demande,

la personne nous montre l’entrée de l’autre coté,

re-sortir, re-pluie sur le dos

et c’est en sous sol qu’on découvre la place.

Un bar à robineux comme ils disent

Un endroit pour pauvres …

Des machines à sous pour leur piquer le peu qu’ils ont

et la bière en litres.

Ils sont là quelques uns à nous mater d’entrée.

Enfin, surtout mater Vyvian ma belle,

une sorte d’extra terrestre pour eux j’imagine

en les regardant moi aussi !!!

Vous voyez la scène:

 eux regardent Vyvian

et moi je les regarde …

même plus un bruit de secondes …

rien, les yeux seulement,

et puis quand on demande deux thés verts alors là,

les flingent se rangent,

les rires sortent en vrac et tout se détend,

on se met à se parler.

La serveuse Vicki de son petit nom

est ravie de nous trouver un sachet perdu depuis des années.

On se compare les accents,

les pays,

en deux minutes tout a changé de bord,

de visage et d’allure,

c’est extra.

Au moment de partir, Vyvian tend son deux dollars et là Vicki refuse,

elle dit:  je vais pas vous le faire payer, vous venez de Marseille !

Aussitôt, on dégaine, on lui offre notre CD

et une carte postale d’Alcaz

elle flashe sur la pochette.

On se quitte tous en riant, de grands signes aidant.

Quand vous passerez par là

si vous voyez une carte d’Alcaz accrochée au dessus du bar

vous vous souviendrez !

IMG_4485

On remonte en voiture

et sous la pluie battante.

Quelques km et là sur la route

soudain c’est l’horreur,

des vents froissants, fulgurants nous déportent,

les pluies sont si fortes

qu’on ne voit plus à deux mètres,

on fait de l’aqua-planning par deux fois,

et c’est comme 10 cm d’eau sur le macadam …

La folie,

on se met sur le bas coté comme d’autres aussi

et on souffle.

IMG_5341

La peur, le silence de la peur entre nous.

La luminosité est si faible d’un coup,

heureusement une espèce de haut monticule

nous protège de ces violences.

On attend et on flippe grave.

Pas de portable,

une tempête en pleine route de bois comme ils disent ici…

c’est une route sur des centaines de km sans rien que des forêts…

IMG_4536

Bref, on est attendus au gîte « Dans les draps de Morphée” !

On aimerait y être chez Madame Morphée !

Seuls des camions fous passent de temps en temps

et nous rasent à une allure folle,

on se demande comment ils font,

on imagine une voiture là qui ralentit sur la file de gauche

et hop ils la tapent direct trop fort,

des dingues vraiment.

IMG_1189

Une petite petite accalmie se pointe

on en profite pour repartir doucement et on aura raison

on en sortira quelques minutes plus loin,

le noir dans les rétros,

IMG_5326

ça tourne encore derrière nous,

mais là on y voit plus clair, on file et on souffle,

IMG_4519

les pluies sont toujours à l’action mais tellement moins, c’est ok,

on arrivera en début de soirée.

IMG_4598

 

IMG_4589

Une superbe petite chambre,

des gens attentionnés,

un petit resto pub où souper pour de vrai

et le cadeau, un sauna en sous-sol, leur sauna privé…

Cadeau et dodo.


On veille à Caraquet !

 

02 août

Le temps de nous installer, sortir les vêtements adéquats et ça repart !
Une entrevue radiophonique est prévue au resto d’à coté.
On y va bien à l’avance, on en profite pour nous restaurer.
Fruits de mer
et vue sur mer dégagée un peu
pas beaucoup
mais passionnément.

IMG_4857 (FILEminimizer)

On respire on se sent bien comme on se regarde,
on se surprend à penser la même chose:

la jolie chance !

L’heure est la bonne pour parler dans le micro,
l’animateur est très ouvert et on s’amuse ensemble,
c’est le fun.

IMG_4806 (FILEminimizer)

La Francophonie est à l’ordre du jour,
l’Acadie et ses jeunes artistes qui chantent en Anglais,
les quotas non respectés,
l’éternel sujet revient sur la table tout en comparant nos accents,
nos couleurs de fringues,
la culture au rabais…
et ALCAZ demain chez vous les amis de Caraquet,
Moncton et ses environs,

sortez,

venez nous voir on vaut le coup, on rigole bien !!!
Ça met en conditions pour la suite,
coté fraternité c’est direct.
Youpi !!!

ALCAZ est prévu pour demain au centre culturel de Caraquet.
On rencontre l’équipe du festival et ça clique d’entrée,
ce genre de simple nous met en excitation de suite,
on a envie de tout goûter,
tout voir tout entendre.

IMG_4766 (FILEminimizer)

IMG_4794 (FILEminimizer)

Et c’est ainsi qu’on se retrouve au centre culturel
pour assister au concert d’un Acadien
ça nous permet de voir les loges, la salle,
la structure, tout ce qui nous attend demain.
En fait, c’est sublime, on a hâte !
On rigole tous
et c’est comme si on se connaissait depuis des lampadaires.
Eclairés on est invités à diner sur le pouce,
par la mère veilleuse Carol,
là où le staff du festival  a ses quartiers.
Super bonne idée, on accepte d’être chouchoutés !
On retrouve là,
attablés, des amis Français d’Astaffort,
des artistes Basques,
des Québécois,
tout une ambiance qui mène au petit jour si on s’y laisse prendre.
Ce ne sera pas notre cas,
on a roulé toute la journée sous la pluie,
on est fatigués les gars,
non non non, pas ce soir et puis on joue demain !!!

Allez tchao, à demain, belle nuit à toutes, Vyvian et moi on y va.


Sur la route de Caraquet.

 

02 août

Sortis des Draps de Morphée.

On lira au petit déjeuner dans le journal qu’en fait il y a bien eu tornade
dans cette région d’Edmunston hier,
des arbres déracinés, des maisons détériorées,
des toitures arrachées,
waouh !… On l’a échappé belle je crois.

IMG_4504 (FILEminimizer)

Après avoir essayé de manger leur petit déjeuner,
et pour ne pas froisser ces gens du gite par ailleurs très sympathiques,
on en revient au thé vert pain beurre miel,
on salue tout le monde, puis on sort sous la pluie incessante.
On peut apercevoir les brumes sur la rivière Restigouche,
épaisses et mal réveillées.
On remplit le coffre, et on s’en va gaiement.

IMG_4461 (FILEminimizer)

IMG_4765 (FILEminimizer)

Nous sommes au nouveau Brunswick coté Francophone.
Seuls les arbres ne le savent pas,
et les orignaux bien évidemment.

IMG_4574 (FILEminimizer)

En tous cas on file vers Caraquet,
sous une Acadie sans accalmie.
C’est fou, ça n’arrête pas.
Les Appalaches sont en vue…

IMG_4481 (FILEminimizer)

Des forêts des forêts et la pluie pour compagnons,
des heures et des heures…
Mais quelque part, on aime ça,
on ne se lasse pas, c’est étrange,
en France on en aurait marre.
On s’en parle on cherche le pourquoi, on ne trouve pas.
Rien de grave là.

De petites haltes-repos-grignotage et ça repart.

IMG_4664 (FILEminimizer)

IMG_4663 (FILEminimizer)

IMG_4673 (FILEminimizer)

IMG_4668 (FILEminimizer)

IMG_4595 (FILEminimizer)

La vie va…

IMG_4620 (FILEminimizer)

IMG_4647 (FILEminimizer)

IMG_4471 (FILEminimizer)

IMG_4463 (FILEminimizer)

IMG_4639 (FILEminimizer)

IMG_4873 (FILEminimizer)

On roule comme on sait le faire
en pensant quand même toucher un brin de soleil
mais non, ce ne sera pas la cas,
nous arrivons à Caraquet
comme on arriverait à Brest pour l’heure du thé.
Bon, ok, y’a un brin de ciel bleu.

IMG_4758 (FILEminimizer)

Une ville toute en longueur parait-il,
mais on n’y voit pas à 20 mètres !
Rien de grave,
Vyvian est toujours aussi curieuse d’images et n’en loupe pas une.

IMG_4763 (FILEminimizer)

IMG_4863 (FILEminimizer)

Les maisons sont en pleines formes,
différentes un peu de celles du Québec.

Nous sommes très heureux de découvrir notre hôtel,
en bord de mer,
même si on ne la voit pas, on la sent bien,
c’est vraiment le golfe et l’air est tout changé chargé,
c’est bon signe de pureté.
On s’éclate à l’avance.
A la réception, toutes les instructions du festival nous attendent.

IMG_4853 (FILEminimizer)

Ouvrir les yeux et sentir la pluie pas loin…


Les gueules de loup

31 juillet

 

On a bravé nos rêves les plus vivaces pour nous préparer,

les derniers mots échangés avec Nicole sont d’amour,

on va se manquer c’est sûr.

Là on part pour des miles

et des miles et on est tristes !!!

Bon, mettre le matériel en voiture et c’est parti.

« Go west young man »

comme le chante Phil Collins !

IMG_4365 (FILEminimizer)

Direction Rivière du Loup,

sur la rive sud en bas du fleuve St Laurent.

IMG_4349 (FILEminimizer)

Un bon 6 heures de voyage, plus les pauses.

On a de quoi.

Le ciel est d’une clémence rare, le vent des plus doux

pourvu que ça dure.

IMG_4355 (FILEminimizer)

 

IMG_4359 (FILEminimizer)

Ça ne durera pas,

à quelques centaines de km de là,

le plomb nous couvre là tête,

nous échappe,

on sent comme une fraîcheur nous enrober

la clim devient trop froide,

le pare brise s’assombrit

houlala,

de glace la brise …

IMG_4505 (FILEminimizer)

Sans compter le monde sur les routes

qui s’allure à qui mieux mieux,

on va devoir rester vigilants je le sens.

IMG_4468 (FILEminimizer)

Les champs verts pleins, creusent leurs contrastes

on le constate

on le perçoit à la vitesse des ombres nuageuses

qui couvrent la terre au vent

d’un clin d’œil.

On échappe à cette trombe là, chanceux,

c’est définitivement derrière nous.

IMG_0831 (FILEminimizer)

Rouler rouler, boire beaucoup d’eau,

on se parle de tout et de rien,

de la rentrée prochaine en France

avec le choix des concerts,

des listes et des nouveautés.

C’est une excitation, le ton peut montrer

rapidement,on laisse,

on écoute les infos, les radios commerciales qu’on arrive à capter,

les débats, les hauts les bas,

des chansons niaiseuses pour certaines

quétaines pour d’autres…

Des nouveautés qui nous semblent basses de plafond

comme chez nous.

La même.

Des entrevues d’artistes où rien ne se dit.

Où va la chanson Francophone ?

ça chante en Anglais à donffff,

et quand c’est en Français,tu pleures de rire…

France Inter chez nous

qui devient pisseuse, à la botte des financiers,

et bien là, c’est la même.

Exit le service public,ça bloque

et toc

et merde, la culture est au micro onde

J’arrête .

Vyvian craque et à juste titre,

lâcher de suite, on se fait mal,

allez, juste accepter ce qui est

et fermer la radio.

Stopper là, sortir de l’autoroute

entrer dans le « Métro » du coin, (c’est leur « Casino » à eux)

Que manger ?

Que choisir ?

On opte pour un pic-nic bio, et ça repart.

IMG_4344 (FILEminimizer)

Trouver un bel endroit pour grignoter.

Un bord de rivière en plein pic de soleil,

en profiter, vite manger,

mater les grands arbres penchés,

la couleur des feuilles bousculées par les vents de cesse.

IMG_2356 (FILEminimizer)

IMG_0821 (FILEminimizer)

C’est reparti, on arrivera dans trois heures,

ça va, on frôle Québec ville, ses arcades

ses enfilades,

ses toboggans routiers,

on passe ma vieille ma bonne vieille ville aux souvenirs,

on passe, on braque, on file comme des voleurs.

IMG_2325 (FILEminimizer)

A droite le St Laurent pointe sa crinière,

son cours en un trait natté

les gris explosés de loin

nappent le tout comme une écharpe de soie.

IMG_2336 (FILEminimizer)

On est dans un tableau Finlandais,

à peine dit, ça change de couleurs.

IMG_4512 (FILEminimizer)

Mon dieu que ce pays nous enchante

nous mène du bout des seins

ses vallons avalés dévalés on trace

on marque ce territoire de nos petits riens.

Sans commentaires.

C’est beau, très très beau.

Magique extrême de l’instant sauvage.

Quelle jolie chance !…

 

IMG_3157 (FILEminimizer)

Rivière du Loup,

on y est,

on sort de ces grandes lignes

on titube vers la rue principale,

fatigués au volant, on a tant reçu de messages

de ces signes…

IMG_3156 (FILEminimizer)

C’est heureux, comblés,

que nous retrouvons nos amis qui nous attendent

et nous fêtent.

Il sont tellement gentils,

accueillants,

à table on rigole on se donne des nouvelles

de cette année passée loin des uns et des autres.

Et puis on décide d’une petite marche,

une crème glacée sur le fleuve près du traversier.

IMG_4411 (FILEminimizer)

 

IMG_0400 (FILEminimizer)

 

IMG_4389 (FILEminimizer)

 

IMG_4423 (FILEminimizer)

 

IMG_4424 (FILEminimizer)

Le soleil en pleine descente,

les cieux en horizontale

fiancés de la mer profonde

se fondent en des bleus amérindiens

sur la nappe d’huile qu’est la mer porteuse de sérénité.

IMG_0411 (FILEminimizer)

De toute beauté cette fin de soir.

Merci merci les amis de ce présent.


Chansons de jardin

27 juillet,

 

le beau du temps qui passe.

IMG_6665 (FILEminimizer)

On se lève

on se lave

on se livre le bonheur d’être en vie

à première vue.

IMG_6668 (FILEminimizer)

C’est toujours extrêmement fragile un début de jour

lorsque nous savons que nous jouons le soir.

Par fragile j’entends précieux,

délicat du bout des yeux,

à prendre avec des pincettes ou des gants !

IMG_7010 (FILEminimizer)

J’adore personnellement,

je suis très excité, comment dire,

oui excité par cet inconnu qui nous attend.

Vyvian elle, c’est différent,

plus intime,

comme toute fée qui revient au monde,

ça se passe ailleurs !

059 (FILEminimizer)

 

Ces derniers jours off,

on a quand même travaillé, répété les mots,

lustré le verbe,

mouillé le timbre, laissé sur les cordes

notre gout du vocal au soleil,

repris mémoire tout simplement

les gestes simples,

souples.

 

Yo,

on prend voiture,

quelle expression d’arrogance,

c’est plutôt la voiture qui nous prend en fait !

IMG_0167 (FILEminimizer)

Bon bref, Jean-Yves allez …

Ok, la chaleur aidant

on met la clim,

les embouteillages nous emportent

et nous importent peu, on fonce vers Rosemère.

Nicole au volant.

IMG_1632 (FILEminimizer)

 

On accepte rarement ce genre de concert mais là,

c’est différent, il s’agit d’un parc, un vrai lieu de toute douceur,

les gens parait-il,

ont l’habitude de venir là en fin de jour et de se faire plaisir en écoutant

des artistes de passage comme nous ce soir.

IMG_3901 (FILEminimizer)

Et si quelques amis sont là, qui nous font honneur,

les oiseaux eux, nous laissent la place.

Par contre les moustiques se la jouent seigneurs.

Y’en a même un, comme à Bromont je me souviens,

qui choisit son nid dans ma bouche…

Je me la fais rouge gorge

et note d’accroche,

c’est toujours moi,

et pourquoi pas Vyvian, la fine bouche,

hein !

IMG_3924 (FILEminimizer)

Chanter

continuer

croire

s’amuser

IMG_3911 (FILEminimizer)

s’échanger Vyvian et moi l’or du monde

le silence d’entre deux chansons

brins de rien,

IMG_3910 (FILEminimizer)

épis

et puis

voir,

apercevoir dans le public

non, pas Jean Coutu, mais un ami,

une amie

qui vous vient du cœur et de loin

pour vous, rien que pour vous,

quelle chance nous avons d’être aimés si beau.

J’avoue.

On terminera au vert du vent

main dans la main face à l’ovation offerte.

Le soleil lui aussi sur un dernier refrain va se la couler douce

et faire place au grand bleu américain,

le public ravi se déchaise et s’en retourne à ses traces passées.

Certains viennent pour un éventail,

on est là aussi pour cd bien évidemment !

Les heureux repartent avec des mots,

dédicaces en Sharpie (permanent marker),

des regards échangés,

les moins heureux se feront consoler

on les embrasse, on les aime

de ce que nous sommes encore plus vivants

de ce que grâce à eux nous devenons,

de ce qu’ils ont osé laisser vivre entre nous.

Ce fut un très beau concert de reprise, de volée,

sur un fil !!!

IMG_3904 (FILEminimizer)

Et nos amis venus d’en ville, de l’île

… quel surprise vraiment,

il n’y a que nous pour savoir combien c’est touchant

d’être entourés, aimés pareil.

Mais vous la partager quand même,

cette émotion profondément douloureusement belle,

quand on est loin de la maison,

de notre continent,

de nos enfants

de nos proches

et qu’on a les larmes en bord de cils

mais qu’on ne laisse rien perler de peur de gêner la personne qui,

elle,

dans nos bras,

n’y est pour rien,

si ce n’est de nous aimer là, à nous remercier …

IMG_6977 (FILEminimizer)

Et puis là, certainement aussi pour la chanson partagée j’imagine.

Enfin, oui en fin, quelle richesse de vous.

Merci de nous