01 Août
On quittera Rivière du Loup en début d’après-midi
sachant que nous allons seulement jusque Campbellton
au bord de la rivière Restigouche.
Le soleil posé nous incite à la légèreté.
Mais mais mais…
Tout est d’impermanence et…
d’imperméables
… En effet la pluie ne tardera pas.
Et là, croyez-nous, ce fut terrible,
très vite le mauvais du temps s’est pointé de face.
C’est très fatiguant à la longue,
et dans ces moments là, le moral se la joue morose un peu.
Les mots se font rares entre nous qui nous aimons tant !
Chacun est concentré sur la route, les camions, la visibilité.
On écoute les infos bêtement,
on craque,
on croque des biscuits nerveusement
et tout cela passe si lentement.
On s’arrête quelques minutes,
on sort en courant pour aller aux toilettes dans un Tim Horton
et on repart (surtout pas de gâteau là !)
par contre nous ferons une vraie pause à Edmundston,
là on cherche âme qui vive inutilement,
on voit un dépanneur (un épicier chez nous)
avec une enseigne « Bar »
on entre et on ne voit pas le bar,
on demande,
la personne nous montre l’entrée de l’autre coté,
re-sortir, re-pluie sur le dos
et c’est en sous sol qu’on découvre la place.
Un bar à robineux comme ils disent
Un endroit pour pauvres …
Des machines à sous pour leur piquer le peu qu’ils ont
et la bière en litres.
Ils sont là quelques uns à nous mater d’entrée.
Enfin, surtout mater Vyvian ma belle,
une sorte d’extra terrestre pour eux j’imagine
en les regardant moi aussi !!!
Vous voyez la scène:
eux regardent Vyvian
et moi je les regarde …
même plus un bruit de secondes …
rien, les yeux seulement,
et puis quand on demande deux thés verts alors là,
les flingent se rangent,
les rires sortent en vrac et tout se détend,
on se met à se parler.
La serveuse Vicki de son petit nom
est ravie de nous trouver un sachet perdu depuis des années.
On se compare les accents,
les pays,
en deux minutes tout a changé de bord,
de visage et d’allure,
c’est extra.
Au moment de partir, Vyvian tend son deux dollars et là Vicki refuse,
elle dit: je vais pas vous le faire payer, vous venez de Marseille !
Aussitôt, on dégaine, on lui offre notre CD
et une carte postale d’Alcaz
elle flashe sur la pochette.
On se quitte tous en riant, de grands signes aidant.
Quand vous passerez par là
si vous voyez une carte d’Alcaz accrochée au dessus du bar
vous vous souviendrez !
On remonte en voiture
et sous la pluie battante.
Quelques km et là sur la route
soudain c’est l’horreur,
des vents froissants, fulgurants nous déportent,
les pluies sont si fortes
qu’on ne voit plus à deux mètres,
on fait de l’aqua-planning par deux fois,
et c’est comme 10 cm d’eau sur le macadam …
La folie,
on se met sur le bas coté comme d’autres aussi
et on souffle.
La peur, le silence de la peur entre nous.
La luminosité est si faible d’un coup,
heureusement une espèce de haut monticule
nous protège de ces violences.
On attend et on flippe grave.
Pas de portable,
une tempête en pleine route de bois comme ils disent ici…
c’est une route sur des centaines de km sans rien que des forêts…
Bref, on est attendus au gîte « Dans les draps de Morphée” !
On aimerait y être chez Madame Morphée !
Seuls des camions fous passent de temps en temps
et nous rasent à une allure folle,
on se demande comment ils font,
on imagine une voiture là qui ralentit sur la file de gauche
et hop ils la tapent direct trop fort,
des dingues vraiment.
Une petite petite accalmie se pointe
on en profite pour repartir doucement et on aura raison
on en sortira quelques minutes plus loin,
le noir dans les rétros,
ça tourne encore derrière nous,
mais là on y voit plus clair, on file et on souffle,
les pluies sont toujours à l’action mais tellement moins, c’est ok,
on arrivera en début de soirée.
Une superbe petite chambre,
des gens attentionnés,
un petit resto pub où souper pour de vrai
et le cadeau, un sauna en sous-sol, leur sauna privé…
Cadeau et dodo.