On a quitté les amis avec peine et difficultés,
la neige ne soufflait mot.
Un silence de mur,
juste nos bras de sève,
brassées sentimentales
accrochés aux branches de l’autre…
L’automne viendra bientôt
dit l’oiseau de nos rêves
et c’est ok répond l’apôtre,
bref, on embarque dans l’auto,
tu sais,
la superbe voiture de Lorraine qui défie tous les temps !
Lorraine on t’aimmmmme !
A peine passé le pont Dubuc,
le plein des sens,
et tout se met d’un coup en invisibilité !
Ça floconne dru
les essuies-glaces ne suivent pas vraiment
et cela durera jusque Québec pratiquement.
Un drap de route pour endormir l’invigilant voyageur !
Rien de terrible là,
mais les yeux
la tension
le stress occasionnés,
on arrivera sur les genoux !
Heureusement une belle soirée nous attend les bras.
Petit matin départ,
bisous les cœurs,
on se sépare,
oubli d’un manteau Suisse,
trop tard trop loin déjà…
Là le ciel bouclier nous provoque
en baissant d’un ton sa luminosité,
puis le gris foncé se met en place,
aïe,
lourd accumulé,
on n’y échappe pas,
une tempête se lâche pour de vrai.
On est à deux heures de St Elie de Caxton,
tout droit jusque Yamachiche,
on fonce.
C’est clair, mais on n’y voit pas grand loin…
On devra traverser coûte que coûte.
120 km,
Vyviann ne dit plus rien, ne bouge plus,
on ne voit plus très bien les panneaux,
je m’accroche à une voiture qui nous double
mais elle m’envoie une telle neige sur le pare-brise,
que je dois prendre mes distances
tout en ne la perdant pas de vue,
question de survie…
Bientôt on ne voit plus le bas coté,
s’il devait nous arriver quoi que ce soit
comment faire ?
Il y a déjà au moins 30 cm…
C’est incroyable, on est pris
comme encerclés,
enfermés,
il pleut du blanc
du gros flocon
et je n’y vois plus à 10 mètres…
Maman maman ton fils passe un mauvais moment !
Un gros 4×4 me double
il roule sur la neige en folie, m’en renvoie un de ces paquets,
… Surtout ne pas freiner,
les yeux comme fermés
à l’aveuglée,
traverser ces deux secondes de folie,
et continuer.
On fend la tempête, les bras crispés, la peur bien là
c’est la première fois.
Encore une bonne heure avant d’arriver mais quoi,
quelle heure ?
on roule à 50 et si d’un coup un camion
nous fonce dessus et ne nous voit qu’au dernier moment ?
Est-ce que je roule sur une file ou au milieu ?
On est perdus en neige,
hey ça rend fou…
Surtout ne pas nous arrêter.
On arrivera à St Elie de Caxton
complètement épuisés,
heureux et comme sortis
d’un cauchemar immaculé.
Une drôle de conception du bonheur en fait !
Le petit lac rose est tout blanc lui aussi
calme, et nous invite au silence de même.
Les amis nous offrent l’amitié, l’écoute
le pain, le bol de soupe et vite
une sieste !
Waouhhh on s’aperçoit qu’on a été protégés.
Merci l’ange blanc !
![unnamed[1]](https://i0.wp.com/blog.alcaz.net/wp-content/uploads/2014/10/unnamed1.jpg?ssl=1)
