Aujourd’hui, je suis Paris, je suis Beyrouth, je suis Bagdad,
et bien plus…
Comme la plupart des gens, je suis bouleversée et choquée par la violence implacable infligée par l’État Islamique à Paris, Beyrouth, Bagdad, et ailleurs.
J’ai toujours considéré la France comme comme mon deuxième pays, alors j’ai mal pour Paris.
J’ai aussi vécu à Bagdad quand j’étais jeune et j’ai autant de peine pour les pays du Moyen-Orient qui sont assiégés.
La violence effrénée qui éclate aujourd’hui est en grande partie une conséquence de l’invasion de l’Irak par les États-Unis.
Sans cette action mortelle qui a mené à la destruction, il n’y aurait pas d’État Islamique.
De la même manière, sans le soutien américain aux Moudjahidin en Afghanistan et sans la présence militaire en Arabie Saoudite, il n’y aurait pas eu d’Al-Qaïda. Sans oublier le feu aux poudres que nous avons mis avec notre guerre des drones.
Même quand nos gouvernements s’engagent dans la folie revancharde, nous, le peuple, devons leur rappeler que les ennemis originels ne sont pas la population mais les rêves d’empire, la cupidité et l’extrémisme religieux de tous bords.
Pour trouver les remèdes contre la violence, nous devons comprendre ce qui nous a menés au niveau de fanatisme et de haine auquel nous sommes rendus, nous devons être responsables de notre propre ignorance et pleurer nos morts.
Le Coran (5:32) dit:
« Quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes« .
Dans les Évangiles, (Matthieu 26 52-54), Jésus dit:
« Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée »
Et Gandhi, qui avait brandi la non-violence contre l’Empire Britannique, dit:
« Œil pour œil et le monde finira aveugle »
Les graines de la paix sont présentes dans toutes les religions; se venger d’atrocités en exerçant d’autres atrocités n’en sert aucune.
Comme Gandhi disait:
« Si nous pouvions nous changer nous-mêmes, le monde entier changerait.
Si un homme change sa propre nature, alors l’attitude du monde envers lui change aussi…
Nous ne devons pas attendre de voir ce que vont faire les autres. »
Cela me fait donc chaud au cœur de voir, en contraste avec l’horreur et le bain de sang, le courage, la compassion et la bonté humaine que montrent des millions de gens du monde entier.
Des gens qui souffrent, qui prient, qui amènent fleurs et bougies et qui donnent leur sang.
Aujourd’hui, je suis Paris, je suis Beyrouth, je suis Bagdad,
et bien plus…
Joan Baez